Cinq fois. Cinq fois en une semaine que ce cauchemar venait me hanter, me voler la nuit d'un sommeil tranquille de rêves écarlates. Cette scène, ce moment ne sortirait jamais de ma tête, a moins que je ne trouve quelqu'un qui puisse effacer les souvenirs d'autrui. C'était d'ailleurs mon but, ma vocation depuis que j'avais compris que tout le monde avait un pouvoir particulier dans ce dit "lycée" que je considérais en fait plus comme une prison d'or pour les gens de mon "espèce". Je n'avais encore jamais rencontré la directrice, mais quelque chose me disait qu'elle avait certaines idées en tête, des idées qu'elle gardait bien pour elle. Quelque chose allait changer dans le monde, quelque chose à cause de ce pensionnat. Mais quoi, je n'aurai su le dire. Me munissant de gants en laine, simple précaution pour ne toucher personne, l'envie de me prendre la tête étant bien loin de mes songes, j'enfilai sur ma tête un gros casque me servant d'écouteur pour écouter les merveilleuses musique de ce cher groupe qu'était "TRYO" pour me changer un peu les idées. Cela faisait bien une année que je ne les avais plus écouté, et une vague de nostalgie m'attrapa, me tordit les tripes. Rester plus longtemps dans ce dortoir me tuerai. Décontractant mes bras en posant mes mains dans les poches de mon pantalon de pyjama blanc à rayures en longueurs bleues, je me laissai guider par mes pas dans le labyrinthe des couloirs, ne prêtant pas attention ou est ce que ça me mènerai.
C'est pourquoi, sans vraiment savoir comment, je me retrouvai dehors. La température m'offrit des petits frissons. L'humidité de l'aube avait trempée l'herbe. L'envie d'aller à la clairière me prit. On m'en avait déjà parlé, mais jamais je n'avais eu l'occasion d'aller la voir en personne. Trouvant le chemin de pierres qui m'y mènerait, je chantais à tue-tête "Désolé pour hier soir", dansant légèrement sur le ton. Le fait qu'une jeune fille était déjà assise dans l'herbe de cette clairière immense ne m'arrêta en rien. Mais ma déception fut grande: Premièrement, je n'étais pas seule pour me remettre en question, et secundo, je connaissais cet endroit. Alors j'étais déjà allée dans la clairière sans même le savoir. A la fois fière de moi mais complètement déboussolée, je m'installa a une certaine distance de la fille pour lui montrer clairement que je voulais être seule.
Mais à peine cinq minutes s'écoulèrent que je commençais à m'ennuyer. Levant les yeux aux ciel par ma propre sottise, j'enlevai mon casque accroché à mes oreilles, le laissant tomber sur mon cou. La jeune fille semblait aimer KoRn, lui poser la question aurait été plutôt idiot.
- Quelle est donc ta motivation pour qu'une demoiselle comme toi se lève si tôt un samedi ou les cours sont annulés ? J'en suis presque choquée ! xP
La distance des quelques mètres qui nous séparait m'avait obligé à élever un peu la voix, ce qui n'arrêta pourtant en rien le chant des oiseaux. Vraiment, j'étais idiote, je préférais de loin le son de mon casque...