Juste un jeu ... [ PV : Lauryn]

Aujourd'hui, c'était le premier jour de week-end. Aussi, je voulais en profiter autant que je le pouvais car dans deux jours, je ne serai plus aussi libre que je le désirais. Mon réveil venait juste de sonner, me faisant sursauter avec son alarme stridente qui faisait vibrer la petite commode sur laquelle il était posé. Je m'étirais comme un chaton, faisant au passage craquer quelques articulations, et j'ouvrais avec difficultée mes yeux encore pleins de sommeil. Jetant un coup d'oeil dehors, je m'appercevais qu'il était encore assez tôt puisque le soleil se levait à peine, éclairant la cime des arbres de la forêt, et l'étendue herbeuse qui se trouvait tout autour de l'établissement. Mais cette faible lueur, quoique magnifique dans ses nuances de rouge et d'orange, m'éblouissais et je dû fermer brievement les yeux alors que je me levais. Je jetais la couette qui me couvrait au pied du lit qui m'avait été attribué lors de mon arrivée en cet endroit, et ouvrais en grand les rideaux qui cachaient les fenêtres fermées. En ouvrant grand ces dernières, je frissonais car le vent était frai, mais je ne les fermais pas car j'amais bien laisser la fraîcheur entrer le matin dans la chambre.

Après un certain moment d'abandon à contempler le paysage qui m'étais que peu familier, je revenais à des choses plus utiles. Tout d'abord, je devais m'habiller, me préparer mentalement pour cette journée qui semblait bien débuter, et faire partir les restants de sommeil qui embrumaient mon esprit. Je prenais donc les vêtements que j'avais posé la veille sur le dossier d'une chaise et me précipitais vers les douches des filles, qui étaient déjà en train de tourner, de si bon matin. Vite, je me trouvais un jet libre et je laissait couler l'eau chaude sur mon corps pour détendre mes muscles endoloris. Hum, ça faisait du bien... Après m'être lavée correctement, je me dérobais à la présence des filles qui se lavaient pour aller me vétir un peu plus loin. J'enfilais mon jean effilé aux genoux ainsi qu'un top et je retournais dans ma chambre pour finir de me préparer. Je mettais des chaussures à talons, comme d'habitude ils faut le dire car je n'ai que ça... Et enfin, je sortais à l'air frai, sortant de mon confinement.

Dehors, il n'y avait quasiment personne, tous étant encore dans le bâtiment soit pour finir leur nuit, soit en train de s'amuser ou de s'occuper d'une manière ou d'une autre. Aussi, ça serait très bien car je ne serais pas obligée de dire bonjour à des gens ou alors de devenir désagréable. Marchant sans me préoccuper de ce qui se trouvait autour de moi, je souriais intérieurement car je savais ce que je ferais pour occuper ma matinée... Je me précipitais alors vers la clairière, quasiment pas occupée et regardais au passage la fontaine, qui laissait couler ses filets d'eau. Une eau transparente qui reflettait en ce moment les rayons du soleil en plusieurs couleurs chaudes. Ce lieu qui était apprécié par les couples qui formaient la MS, pour une raison qui lui était inconnue, et il m'intriguais beaucoup... Pourquoi? Je ne saurais le dire avec exactitude. Simplement quand je m'asseois sur un des rebords de pierre, je ne pense plus à rien, et une sorte d'euphorie venue de nulle par s'empare de moi. Allez savoir pourquoi... Mais je la quittais finalement des yeux car je trébuchais sur un trou dans le sol. Grâce à des reflexes, je me redressais vite avant de m'étaler totalement sur le sol. Je serais les dents et pinçais les lèvres, tout en me disant que je devais être un peu plus prudente et moins dans la lune... Mas la prudence ne faisait pas vraiment... Comment dire... Partie de mon vocabulaire. Je marchais désormais dans l'herbe tendre et verte, encore mouillée de la rosée, et me trouvais un endroit relativement calme et où il n'y avait personne.

Je voulais m'assoir et commençais à regretter de ne pas avoir pris de veste ou un quelconque tissu pour ne pas me mouiller. Mais je finissais quand même par me mettre sur le sol, réprimant un grimace. Alors que je cherchais comment faire pour mettre en place ce jeu, une personne me surpris dans mon dos et je me retournais pour voir à qui j'avais affaire...

_besoin d'aide? disais-je à cette personne dont je ne voyais que la silhouette noire, de dos au soleil.

Je ne voyais pas le visage de cette personne, mais sa silhouette m'était familière, aussi j'attendais que l'inconnu parle pour savoir à qui je m'adressais. Je pouvais déjà déterminer que je me trouvais face à une fille étant donné qu'elle avait des cheveux d'une certaine longueur...

Le réveil sonnait depuis une bonne dizaine de minutes à présent, mais Lauryn n’était toujours pas levée. Elle ouvrit simplement les yeux, regarda le plafond pendant un moment et décida enfin de se lever. Elle éteignit le réveil en tapant dessus, puis se mit debout. Elle était encore un peu fatiguée avec la nuit qu’elle avait passé, si on pouvait appeler ça une nuit, et les effets se prodiguaient dès le début de la matinée, comme à chaque fois. Elle bailla, s’étira puis se frotta enfin les yeux pour prendre ses affaires et se diriger vers la salle de bain commune des filles, qui se trouvait un peu plus loin. Après être entrée dans celle-ci qu’elle en ressortit aussitôt, tant le bruit qui y régnait était infernal ; de plus, elle avait bien vu que toute les douches étaient occupées, ainsi que les miroirs qui se trouvaient au dessus du lavabo. Si un garçon était rentré à se moment précis, il se serait sûrement dit qu’il n’y avait pas plus grand bazar qu’une salle de bain appartenant à la gent féminine. Lauryn décida alors de se laver le soir et revint dans sa chambre, déserte, car apparemment, toutes ses compagnes de chambre s’étaient levées. Elle enfila alors sa jupe et son débardeur rose, et, après mures réflexion, posa un petit pull sur ses épaules, puis se maquilla, optant pour des tons chauds qu’elle appliqua avec précision sur ses lèvres et sur ses yeux. Enfin, elle mit des chaussures de la même couleur que son haut et sortit de la chambre. En descendant les escaliers, elle se souvint qu’elle était en week-end et que les cours reprenaient le lundi.

Elle s’arrêta enfin au réfectoire, prenant à peine le temps de boire un jus d’orange et de manger une tartine, puis sortit enfin de l’établissement. Il ne faisait pas très chaud, et la jeune fille se dit qu’elle avait bien besoin du pull qu’elle portait. Foulant le sol d’un bon pas, elle se dirigea vers la clairière, son endroit préféré, pour s’apercevoir que quelqu’un y était déjà installé. Lauryn ne s’inquiéta pas à ce propos, après tout, cet endroit était à tout le monde, et cela ne la dérangeait pas plus que ça. Elle continua donc à marcher, paisible. Le seul problème pour elle était l’idée de ne pas connaître cette personne. Elle s’approcha des arbres, et regarda sans être vue. Reconnaissant tout à coup la jeune fille blonde qui était assise sur l’herbe, un sourire se dessina sur ses lèvres, et elle contourna la clairière pour se retrouver dans le dos de la fille. En passant, elle vit que le soleil était en plus derrière elle. Secouant la tête en faisant voler ses boucles blondes, elle passa l’arbre qui marquait l’entrée de la clairière. Elle marchait à pas lent, s’approchant petit à petit de la jeune personne, quand celle-ci se retourna, la dévisageant. Lauryn reconnaissait là les traits de son amie qui plissait les yeux pour la voir mieux. Alors, sans trop savoir pourquoi, elle se précipita vers la jeune fille.

- Eileen ! s’écria t-elle tout en sautant dans les bras de son amie.

L’air surpris et effrayé de celle-ci la fit rire un bon coup, et elle prit un ton fâché en mettant se poings sur ses hanches.

-Alors, tu ne me reconnais pas, toi qui pourtant me connais comme moi-même ? Ca ne va pas du tout, ça ! Sinon, non, je n'ai pas besoin d'aide, mais peut-être que toi si ?

Elle s’assit à coté d’Eileen, dans la même position qu’elle, se demandant bien ce qu’elle était en train de faire. Souriante, elle lui posa alors la question, tout en se balançant d’avant en arrière. L’idée d’avoir réussi à surprendre sa meilleure amie la mettait de très bonne humeur, même si elle savait que cette dernière ferait tout pour lui faire regretter son geste.

Soudain, alors que je demandais à cette personne si elle avait besoin d'aide, ma question semblait être accueuillie par un grand cri. Vous ne voyez pas quel genre? Celui d'une furie blonde qui se jette sur vous tout en criant le nom de sa meilleure amie. Et ça me fit peur, pas peur dans le sens film d'horreur avec des scènes sanglantes, plutôt une 'gentille' peur, dans le genre, " Oh quelle surprise! J'ai eu une de ces peurs". D'ailleurs, tout en recevant cette furie blonde dans mes bras, je sentais mon coeur battre un peu vite. Se faire surprendre dès le matin n'était pas vraiment conseillé selon moi, même si c'est par une personne que l'on connait. Pour signaler que je ne m'attendais pas vraiment à cette visite de sa part, j'affichais un air surpris et légèrement effrayé, comme si j'avais en face de moi une folle furieuse. Un rire de sa part me répondit tandis que Lauryn adoptait une posture un tantinet vexée. Il fallait dire que ne pas reconnaitre une vieille connaissance n'était pas la meilleure chose. D'ailleurs elle me le faisait remarquer :

_Alors, tu ne me reconnais pas, toi qui pourtant me connais comme moi-même ? Ca ne va pas du tout, ça !

Oui ça n'allait pas du tout, mais le soleil était le fautif ici, donc on pouvait me pardonner cette erreur... De toute façon, ce fut vite oublié car Lauryn enchainait question sur question. Non, en ce moment, elle n'avait pas vraiment besoin d'un aide quelconque. Pas que sa présence était dérangeante, il ne fallait pas se méprendre. Et ce que je faisait ici? Hum, rien... enfin si, j'attendais patiemment, assise sur l'herbe pour pouvoir m'occuper un peu. Ce que je m'empressais de lui dire :

_Ce que je fais, pas grand chose, je cherche juste un moyen de m'occuper l'esprit et les mains car je ne sais pas quoi faire de toute ma journée... Et toi, tu es venue spécialement pour me ficher la trouille ou pour me surprendre? lui demandais-je avec un sourire ou se profilait une vengeance prochaine.

Pour profiter du calme relatif, je laissais trainner mes mains derrière moi et levais mes yeux vers le ciel, regardant les nuages blancs qui défilaient sans se soucier d'autre chose que de leur course tout là-haut. Une course où moi-même ne pouvais les égaler. Certains avaient de drôles de formes, et ça me rappelais ma jeunesse, quand j'aimais encore me promener sur une colline, où je m'allongeais au sommet pour trouver la forme des nuages. Je croyais toujours qu'ils adoptaient une forme particulière pour livrer leur message. Mais désormais, je n'y croyais plus vraiment, j'appréciais juste ce qu'ils étaient, même si ça peut paraittre bizarre d'apprécier un nuage, c'est certain...

_Hum, tu veux faire une chose particulière ce matin? Ou tu veux faire un jeu avec moi? questionnais-je dans le vide, à mon amie. Je comptais courir à n'en plus finir, mais ce serait injuste pour toi puisque tu ne vas pas aussi vite que moi... Et je veux m'occuper, alors si une idée te viens à l'esprit, aussi tordue soit-elle, elle est la bienvenue.

Je me passais une main dans les cheveux et m'apperçu qu'ils étaient en pétard. Oh et puis zut, tant pis si j'aurais des noeuds plus tard... Je m'allongeais par terre, mes mains sous ma tête et je fermais les yeux en attendant une réponse de la part de ma voisine. Mais il y eu un grand silence au lieu de la voix que je connaissais. A croire qu'elle non plus n'avait pas d'idées... J'entre-ouvrais un oeil pour voir ce qui se passait mais apparament, Lauryn était en train de reffléchir à ce que je venais de lui dire. Moi aussi je devrais en faire de même... Hum, on aurait pu parler de tout et de rien, de se raconter des anecdotes ou encore les dernières nouvelles. Ou... Non décodément, je n'avais pas d'autre idées que celle concernant mon don. Je voulais courir comme une folle dans toute la clairière pour jouer des tours aux gens. D'ailleurs, je pouvais le faire à mon amie, elle ne le saurait pas forcément. A une vitesse incroyable, mais pas tant pour moi, je commençais à courir tout autour de la blondinette assise dans l'herbe tout en la taquinant. Je passais pour une vraie gamine...

Le menton sur le genou et la tête baissée. Quelle position pour réfléchir se disait Lauryn ; pourtant, c’était celle qu’elle avait prise depuis un bon moment pour prendre le temps de répondre à Eileen. Un jeu la tentait, évidemment, elle aimait beaucoup les jeux, mais quoi ? Quand la jeune fille lui posa des questions auxquelles elle ne s’attendait pas, elle rit un bon coup tout bas et se retourna vers elle. Lauryn ne répondit pas tout de suite, un sourire malicieux sur les lèvres, se contenant de regarder son amie qui la fixait elle aussi avec un air moqueur. L’attente devint assez longue mais elle avait très envie de la faire patienter. Un coté taquin diriez vous ? Exactement, surtout s’il s’agissait de sa meilleure amie. Mais bref, cela avait assez duré, elle se prépara à parler mais ce ne fut qu’un gloussement qui sortit de sa bouche : elle s’était remise à rire. Bon, c’était un peu agaçant à force, alors elle balança d’un coup d’un seul sa phrase pour ne pas repartir dans une crise de rigolade aiguë.

- Bien évidemment que je ne viens QUE pour t’embêter… C’est follement amusant, d’ailleurs !

Eileen ne répliqua pas et préféra s’allonger sur l’herbe pour regarder les nuages dans le ciel. On était samedi matin, et surprendre quelqu’un à peine levée rendait Lauryn de très bonne humeur, alors, elle s’allongea dans la même posture que son amie. Celle-ci lui parla un peu de son don, la jeune fille ne l’écoutant que moyennement, les yeux perdus dans le vague et la tête ailleurs. Oui, taquine et dans la lune, voila qui résumait bien la blonde qui se mit à compter les nuages en forme d’animaux. Quel jeu, en voici un très amusant se mis t-elle à penser en tournant la tête vers Eileen. L’autre jeune fille n’avait toujours pas bougé et elle ne semblait pas se rendre compte de ce qu’avait fait son amie. Celle-ci s’approcha d’elle et se mit à genoux à coté de son corps, rien que pour la regarder de plus haut. Il fallait dire qu’elle était un peu plus petite qu’elle, et pour une fois qu’elle pouvait en profiter, elle n’allait pas se gêner. Doucement, elle lui passa sa main dans les cheveux et se surprit à penser qu’ils étaient assez désordonnés. Elle ne se serait pas coiffée e matin ? Cela ne lui ressemblait guère mais pour une fois. En même temps, Lauryn continuait de réfléchir à un jeu amusant. Et amusant ne rimait guère avec le don de la jeune personne qui se trouvait à coté d’elle, bien que celle-ci en pensait tout le contraire. D’ailleurs, elle devait avoir lu dans ses pensées car elle se leva tout d’un coup et se mit à tourner au dessus d’elle à une vitesse effrayante qui lui donna mal à la tête. Eileen avait l’air d’ailleurs de beaucoup s’amuser car elle lui lançait un mot ou la touchait à chaque tour qu’elle faisait. Lauryn se retint de dire que sa meilleure amie ressemblait à une petite fille quand elle faisait tout ça, mais elle ne le pensait pas moins.

- Stop, stop, stop ! cria t-elle à l’adresse de son amie.

La jeune fille n’avait pas l’air d’avoir envie de s’arrêter et elle courut encore plus vite. Alors la blonde se leva, cherchant des yeux où elle pouvait être, mais elle ne voyait rien. Alors elle lui lança une phrase destinée à la faire s’arrêter et peut-être même la faire s’arrêter.

- Peut-être ne sais tu pas que j’ai appris à traverser un mur cette année… Une jeune et gentille fille aux cheveux orange m’a tout appris ! Veux tu essayer avec moi, se serait un jeu très bien, non ?

Elle ne su pas tout de suite si ces paroles avaient bien fonctionnées car elle rompit le cercle de sa copine et se dirigea vers un des murs de l’enceinte. Elle s’arrêta devant lui, touchant sa paroi de la même manière qu’elle l’avait fait dans les cheveux Eileen, puis se retourna. La jeune fille avait enfin fini de tournoyer mais ne l’avait pas encore suivie. Elle lui fit un signe de la main encourageant, tout en prenant un air moqueur.

- Allez viens ! Tu as joué avec ton don, à moi maintenant !

» Lauryn Parada
» Lauryn Vance