Rencontre dans les ténèbres d'un orage...

Le vent, qui s'élevait avec déchirure telle la voix stridente de la montagne encore endormie, racontait avec souffrance les évènements d'une sombre nuit qui fit tout basculer, qui, meurtrie au plus profond d'elle même, l'âme de ce rocher noir. Noir, noir des abîmes obscures des ténèbres de cette journée qui aurait dut être tout autre, dont le destin fut changer par la fureur du Diable, si encore celui ci se permettait d'exister. Cette fois ci, le soleil ne rayonnait pas comme les yeux d'un amoureux, ou comme le héros d'une histoire fantastique, et ne se montrait pas tel les danseuses frêles et fragile s'exposant à un public affriolant. La rébellion était peut être une bonne chose... Quoi qu'elle soit, le soleil avait décidé de se l'approprier et d'en user, refusant de réchauffer le cœur de cette montagne, préférant laisser les nuages déverser leur tristesse et Zeus témoigner de sa colère sans précédents. Quelques animaux fuyants, ayant survécu aux flammes de l'enfer, cherchaient désespérément un abris à travers les cendres et les poussières, débris et bouts de bois carbonisés dans ce qui était, encore quelques heures auparavant, de fiers arbres régnant majestueusement en maîtres sur les sommets de la cime. Les corbeaux, spectres noirs des obsèques funéraires d'un retour aux sources d'une montagne, venaient souligner avec une amertume certaine l'aura d'une triste nuit dont l'histoire ne deviendrait un jour que légende extraordinaire, d'un sacrifice dont le monde avait certainement besoin.

C'est du moins ce que, du haut de son mètre quatre vingt dix, mes yeux brulants de compassion fixaient, compassion accompagnée de mépris et de tristesse, de tous les sentiments que pouvait ressentir mon cerveau, mon cœur étant actuellement littéralement hors service. Appuyée sur ce qui, dans ce monde des humains, était appelé "fenêtre", j'observais le paysage qui cheminer devant mon nez, perdue dans les songes de cette montagne qui, encore quelques heures plus tôt, n'était qu'un décors quelconque, qu'une toile sans intérêt auquelle personne n'aurait fait plus attention qu'à un popcorn sautant dans sa poëlle. Il avait fallu que le brasier ardent et brulant fasse prendre conscience à l'être humain de l'oisiveté de cette montagne, de la vie qu'elle y produisait. Il avait fallu qu'elle meurt pour que la radio, la télévision et les journaux se décident à en parler. Il avait fallu qu'elle ne soit que cendre pour qu'enfin, on apprenne son existence. Combien de temps cette race qu'était l'être humain allait elle faire la même erreur? Combien de temps encore allait il falloir qu'ils attendent un bouleversement pour ensuite en prendre ses précautions? Combien de vigiles du feu avaient été tué dans cette bataille qu'ils avaient mené aux côtés de la montagne, cherchant désespérément à détruire les flammes? Une bataille qui dura près de 13 heures, et qui aujourd'hui, ne faisait que parler d'elle. Tch. L'être humain se prétend fort, se prétend intelligent, se prétend imbattable. Il est pourtant le plus vulnérable des animaux, de part ses sentiments et son idiotie. Un lièvre n'ira jamais s'attaquer à un lion. La toute puissance de la race humaine la plonge dans le rêve d'un Dieu, d'une race parfaite, puissante et sans failles. Ce n'est qu'abrutisme!

Quittant petit à petit la vue désolante des pleurs de la montagne, le bus vibrant à la musique du ronronnement de son moteur continuait son avancée vers ce qui allait devenir, quelques minutes plus tard, mon nouveau chez moi. Ou pas. Un pensionnat, une maison de plusieurs adolescents, une nouvelle vie. L'avais-je désirée? Peut être. Après tout, le changement était la seule façon de me prouver à moi même que j'étais vivante. La vie monotone des êtres humains m'avait entrainé avec elle, me condamnant à une vie ennuyante et si simple. Était-ce un crime de se plaindre d'avoir une vie "trop normale"? D'avoir toujours était baignée dans les cadeaux, l'argent et la joie? C'est sans y trouver une réponse intéressante, dans ce bus enivré d'une odeur de renfermé, qu'au loin un bâtiment, au milieu de nul part, apparu, tel un manoir hanté des films et dessins animés. Plus il grossissait à mesure que la locomotion que j'avais choisi, la seule disponible pour me rendre dans ce lycée, plus mon cœur s'emballait. Mais où, dans quoi allais-je me retrouver? La réponse se faisait de plus en plus proche...

Après avoir gentiment remercié le chauffeur qui avait accepté de porter mes lourdes valises jusqu'au devant des portes du bâtiment, loin derrière le grillage, j'attrapais ces dernières dans l'espoir qu'elles soient moins lourde que moi. Remplies d'objets inutiles, sèches cheveux, fer à lisser dont je ne me servais presque jamais, brosses, peignes, peignoir, bouteilles de parfum (Vides et pleines) chaussons, chaussures, vêtements, consoles de jeux vidéos portable, livre en tous genre, mes cahiers d'écritures, de dessin, les affaires scolaires qui avaient été demandé, ceintures, bijoux, parapluie, boîte à musique, cadres photos, caméscopes, réveil, ordinateur portable... Bref, peut de choses susceptibles de réellement m'aider. J'avais dévaliser ma chambre, en jetant tout le bordel qui, étalé sur mon bureau depuis près de trois ans, trouvait enfin le plaisir d'être déplacé, ou même simplement pris en compte. Une valise roulante dans chaque main, mon ordinateur accroché à mon coup, je pris mon inspiration, une forme de donation d'un courage totalement inexistant dans le petit être que je formais, et franchis finalement la porte qui me séparait encore de ce pensionnat pour me retrouver dans un hall qui n'aurait jamais été imaginé.

La porte s'ouvrit, nul besoin de serrure ou de clé ... juste la volonté qu'apporte l'espoir. La pièce était plongée dans le noir, rendant aux ténèbres son chaos le plus parfait, laissant ce monde prospérer dans le mal ... comme il l'a toujours fait. Une longue chute commence, sans s'en rendre compte l'humain s'est jeté dans le vide d'un ciel maculés de nuages. Une mélodie discrète, chantée par un enfant s'évanouit jusqu'à atteindre mes oreilles. La voix magnifique se transforma et prit un timbre bien plus adulte, les bribes de la chanson raisonnant dans ma tête vide. Réduite à l'état de pantin conservant un physique humain, les ténèbres s'éclaircissaient et s'échappa un trou béant où s'engouffraient des énergies négatives. De ce néant s'extirpa une personne, une jeune personne, peut être légèrement plus âgée que moi, me regardant avec une curiosité certaine, pouvant me laisser entendre ses pensées "Une nouvelle?". Prenant un air d'absurde et d'indifférence, je lui souris d'un faux sourire ne se voulant pas menteur.

" A moins ce que j'ai une tête d'épinard frit, ce qui m'étonnerait fortement, tu peux me donner une bonne raison de me fixer comme ça? Les nouveaux sont aussi rares dans ce lycée?"

» [T] Premier pas [Suite dans le Parc]
» Petite pause dans le parc... (Libre)