Des moments difficiles [PV Steve]

Elle ne semblait pas persuadée que les autres voudraient la revoir. Mais je savais que malgré tout je n'avais pas tord. L'année dernière, nous étions tous arrivé ici en une semaine d'écart maximum. Nous sommes tous différents, et parfois même totalement opposés. Nous sommes tous liés par le simple fait d'avoir "quelque chose de spécial". Et en une année, nous nous somme tous liés, pour mieux combattre les douleurs qu'engendrait notre don. J'avais vécu une année assez exceptionnelle, fabuleuse dans bien des sens. De mon coté, j'avais fait beaucoup de rencontre, la majorité féminines. J'avais joué des pieds et des jambes, dans le sens le plus littéral du terme. Et pourtant, je ne me rappelais à peine de la moitié de ces filles. Je connaissais leur noms, parce que je les voyais tout les jours depuis 1 an. Je ne m'étais réellement attaché seulement à Maryne, de toute ma personne. Et je l'avais prouvé une fois de plus ce soir. Mais j'étais proche de Kim et de Jenny aussi. L'une parce qu'elle était totalement délurée, allumée, et craquante. L'autre parce que c'était la fille la plus proche, psychologiquement, de moi. Jen'... c'était une autre partie de ma personne qui était attaché à elle. Pas de manière aussi serein qu'avec Maryne, non. C'était beaucoup plus malsain entre nous. Nous étions deux personnes connaissant les règles d'un jeu dangereux, par bien des points. Sur, la séduction n'était pas censée l'être au départ. Mais lorsque l'on jouait avec à notre échelle, cela devenait une véritable arme. Contre le bonheur surtout...

Je serrais mes bras autour du corps fébrile de ma meilleure amie. Elle semblait un peu fatiguée, malgré ses dits. Elle n'avait pas du bien s'occuper d'elle aujourd'hui. Je soupirais. Ses réactions, ses habitudes, étaient horriblement impersonnelles. Dans le sens où, elle ne s'occupait pas d'elle. Alors qu'elle en avait plus que besoin. Je n'aimais pas la voir ainsi. Elle était forte, je le savais. Plus forte que la majorité d'entre nous. Elle était passé par tant de choses... Comment elle aurait pu en sortir autrement ? Que grace à cette force, qui vibrait en elle, et qu'elle refusait de voir. D'aider. A sa réplique je ris, un peu.

Certes, sans elle nous nous ennuyions un peu. Beaucoup même. Les cours étaient pires que pires. Rien ne se passait. Personne n'osait péter un plombs comme elle savait si bien le faire...

Tu as raison, Jen' commence à devenir folle. Elle a hâte de retrouver une amie de jeu pour rendre les profs complètement fou.

Car Jenny était celle qui préférait les moments de folie de Maryne, et elle la suivait souvent la première dans ses délires. Mais en dehors de cela, les deux jeunes filles ne se côtoyaient pas vraiment. Peut être parce que l'une était trop préoccupait par ses prochaines "victimes". Et l'autre parce qu'elle ne se sentait pas l'envie d'aller vers les autres. Maryne était quelqu'un d'intelligent. Elle ne restait pas avec quelqu'un qui ne lui ressemblait pas. Elle ne restait pas avec les abrutis qui nous envahissaient nous aussi. Elle restait avec ceux qui était capable de rester silencieux, sans être gêné. Ou qui pouvait l'écouter, sans juger. C'est de cela dont elle avait besoin. De gens capable de l'apprécier à sa juste valeur. Elle le méritait. Et plus encore.

On devrait écrire un roman avec toutes les choses que vous leur avaient fait subir à ces pauvres profs...

Je ris. Simplement.

En effet, Je m'étais bien liée d'amitié avec Jenny. On ne se parlait pas souvent, on ne pouvait pas non plus dire qu'on traînait ensemble. Mais en cours, toutes les deux on laissait toujours les gros délires. Sans quoi les autres n'osait jamais rien faire. Ils attendaient toujours que l'on commence. C'est vrai que notre petit groupe était plutôt bien soudés. On avait tendance à ne pas être souvent ensemble, ni se lier avec les mêmes personnes, mais quand même on trouvait toujours un moyen pour tous se retrouver. Chacun aidait les autres. En fait quand j'y repensais, j'avais passé une bonne année dans l'ensemble. Avec ses problèmes bien sûr, comme d'habitude, mais j'avais fait de belle rencontre en général. Brad, Jenny, Kim, en fait les amis de Steve étaient devenu les miens. Avec Brad, on était allé un peu plus loin. Mais comme avec les autres, cela n'avait pas duré plus de trois semaines. J'avais toujours peur de m'engager. Ou peut-être qu'en fait j'avais peur de souffrir, je ne savais pas trop. En tous cas mes relations "amoureuses" ne duraient jamais très longtemps et les hommes qui pouvaient y gouter était plutôt rare, même si on pouvait facilement penser le contraire.

Je sentis les bras musclés de Steve se resserraient sur moi. Il devait me trouver fatiguée. En effet j'avais de petits yeux et quelques cernes. Ma peau légèrement blanche et corps frêle n'arrangeait rien. Ces temps-ci j'avais tendance à faire plus de cauchemars que d'habitude. Je ne savais pas trop pourquoi, mais je ne pouvais pas m'endormir. J'avais trop peur que toutes ces images ne s'arrêtant de défiler et que je ne puisse plus me réveiller. Mais malheureusement, la fatigue l'emportait toujours, surtout que la nuit je n'avais pas grand-chose à faire pour me distraire. Et les images se mettaient à repasser en boucles dans ma tête, des souvenirs, mélangée à mon imagination et niveau horreur elle n'était pas prête de s'épuiser. Franchement si Steve n'avait pas été là, ou même les autres, je pense que j'aurais déjà pété un câble depuis longtemps. Mes nerfs commençait à s'affaiblir à force. Trop c'était trop.

J'étais contente d'entendre que je pouvais manquer à quelqu'un. En effet, peut-être que de m'amuser un peu ne me ferait surement pas de mal. Et puis revoir les autres non plus. J'avais beau être relativement asociale, le contact, des autres, qu'il soit agréable ou désagréable commençait à me manquer. Bien sûr j'aurais pu me contenter de celui de mes amis proches, mais ce n'était surement pas suffisant. Peut-être que comme mes nuits s'apaiseraient peut-être. Comme il le disait, on pourrait surement écrire un roman avec tout ce que la classe avait pu faire subir à ces profs. Certains avaient pas mal d'humour, donc ça passait bien. Mais il y en a d'autres qui commençaient à criser tout de suite. Ce qui était beaucoup plus amusant bien sûr. Il rigola. Je n'en fis pas de même. En fait je sentais ma bonne humeur passer. Comme si elle ne pouvait pas durer plus d'une heure. Comme si je ne le méritais tous simplement pas. Je fis quand même mine d'être contente, je savais bien le faire ça d'ailleurs.

- J'avoue.

Je n'avais rien d'autre à lui répondre en fin de compte. Mon regard fut de nouveau attiré par la noirceur qui c'était installée dehors. J'étais toujours intriguée. J'avais bien envie d'aller faire un tour dehors la nuit un jour. Mais, pas seule. Steve aurait été le partenaire idéal. Mais je n'avais pas très envie qu'il sache que j'avais peur du noir. J'avais un peu honte de cela en fait. Peur du noir a mon âge...

Je vis les yeux de Maryne commençaient à papillonner, luttant contre la fatigue qui allait l'engloutir. Je souris, elle ne semblait pas prête à se laisser emporter par l'ambiance calme et détendue qui s'était installée entre nous. Mon entreinte peut être, la gênée aussi, pourtant elle était calée dans mes bras comme elle l'était toujours. Elle semblait calme, sereine, presque joyeuse. Mais encore trop loin du bonheur que je tentais de lui restaurer depuis un an déjà. Je mis efforcé, me battant contre des forces que je ne maitrisais pas. La douleur, la souffrance, et l'envie sadomasochiste qu'ils engendraient. C'était ainsi. Comme je l'avais pensé plus tôt, plus on souffrait, plus on avait besoin de cette souffrance pour continuer à vivre. J'avais plusieurs théories sur le sujets, n'ayant rien de mieux à faire que de réfléchir sérieusement sur le monde qui nous entouré durant -par exemple- mes nuits blanches à répétitions. Aussi, je pensais que le fait de souffrir longtemps, beaucoup, et ne connaitre que cette sensation, faisait que le corps, le coeur et l'âme en oubliaient comment sourire, comment rire ou aimer. Aussi, pour continuait à se sentir vivant, il fallait ressentir, et dans ces cas là, la douleur était la seule sensation connue. Mais je ne voulais pas que Maryne reste dans cette état. Elle méritait de vivre plus encore. Et je ne la lâcherait que lorsque ma mission sera accomplie.

Mais pour le moment, elle était calme, chose bien rare. Malheureusement, je sentais que sa bonne humeur s'effritait pour ne laisser qu'une fille meurtrie par un passé trop sombre. Je ne pus m'empêchais de remarquer que sa joie avait tenue plus longtemps qu'à l'habitude. Tout du moins, depuis que j'étais à ses cotés. Peut être que finalement, ce n'était pas une si mauvaise idée que de lui révéler qui j'étais réellement. Certes j'avais omis quelque détails, comme ce qu'était devenu la fille, ou encore qu'elle était son nom. Ou encore le lien qu'avait cette histoire avec Drew Shadow qui partageait nos cours. Elle savait que je le connaissais depuis plus longtemps que les autres, mais ignorait ce qui nous reliait et pourquoi il y avait une tel animosité parfois, entre nous. Mais pour le moment, j'avais décidé qu'elle n'avait pas à être au courant. Le fait de mettre dévoilé était déjà beaucoup. Et je venais de me permettre d'avancer encore dans la vie. Je ne connaissais personne d'aussi vivant que moi, et je voulais partager cette vitalité avec des gens qui en valaient la peine. Comme Line. Comme Maryne. Je me battrais pour que l'étincelle de vie qui brillait en elles, reste intacte. Je savais que je pouvais le faire, et quitte à perdre un peu de ma personnalité, de ma liberté ou même de ma fierté, j'avais décidé que le combat en valait la chandelle. Même s'il ne s'agissait que d'un sourire, ou d'une étincelle.

J'entendis le murmure de Maryne, elle n'avait rien d'autre à ajouter. Pour ce soir, tout semblait avoir été dit. Elle fixa ensuite la fenêtre et une sorte d'appréhension la submergea. Je n'en compris pas tout de suite l'origine, regardant à mon tour dans la nuit noire qui avait englouti Mystery. Il n'y avait rien de visible par la fenêtre, entre les vitres. Pas de silhouettes fantomatique. Pas d'yeux rouges flamboyants. Et aucuns bruits ne perçaient le double vitrage. J'en déduis alors que la seule chose qui aurait pu, un temps soit peu, l'effrayer était la nuit elle même. Le noir qui ne laissait rien de dissociable. Qui cachait tout, et faisait disparaitre les monstres qui entouraient l'école. Ou encore beaucoup d'autre phénomène que seule la nuit permettait et que j'ignorais encore. Mais l'idée que Maryne puisse avoir peur du noire me sembla étrange. Pas impossible, certes. Mais tout de même étrange. Elle qui avait tant traversé, pourquoi avoir peur d'une choses si naturelle que le noir ? Allez savoir. Je décidais que le moment n'était peut être pas très bien choisi pour en parler avec elle. Elle était crevée.

Je le sentais dans chaque fibre de son être, et du mien aussi. La fatigue engourdissait nos membres et alourdissait nos yeux. Elle effaçait tout trace de stress ou d'énervement. Elle nous laissait mou et dissipait notre ardeur. Les heures avaient passés, je ne savais pas qu'elle heure il pouvait être. Mais cela ne me gêna pas outre mesure. Demain, je n'aurais qu'à sécher les heures de cours du matin. Ainsi, je bénéficierais d'une matinée de sommeil bien méritée. Parce qu'en ce moment, deux choses m'empêchaient de dormir. D'une le fait que le même cauchemar me poursuivait chaque nuit et que je n'avais aucune envie que cela recommence encore. La deuxième était que je voulais offrir à Maryne une véritable nuit de repos. Elle semblait encore plus épuisée que moi. Et ses blessures devait la faire souffrir. Tout du moins, durant ses nuits. Aussi, je décidais que ce soir au moins, je pourrai prendre encore un peu soin d'elle. J'utiliserai mon don pour la calmer si besoin, même si cela était plus délicat lors du sommeil de quelqu'un, mais j'y arrivais tout de même. Je ferai de mon mieux. J'embrassais le haut du crâne de la jeune fille et souris dans ses cheveux.

Dors Maryne, je te protègerais cette nuit...

Je ne bougea pas avant un bon moment. Attendis que le sommeil prit la jeune fille pour pouvoir la préserver encore un peu, du noir qui nous envahissait...

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