Une bien triste journée... [Pv - Maryne]

Ce serait encore une sale journée, il était inutile d'en dépasser la première minute pour comprendre que ce jour n'était, une fois encore, pas le mien. A peine m'étais-je réveillé d'un de ces rêves qui me hantaient et me perturbaient parfois plusieurs semaines que l'heure de ma montre indiquait une heure en trop. Ou peut être étais-je une heure en retard. C'était, en locurence, le cas, puisque un vague souvenir d'un réveil très court me heurta lorsque je vis le réveil à l'autre bout de la pièce, écrasé contre le mur. Devinant vite pourquoi j'étais encore assis dans mon lit à 10h03, je me suis précipité dans la douche, toutes mes pensées tournées vers Cindy, une fille que je n'avais pas vu depuis des lustres, et ce même dans mes rêves les plus fous. Bien que ce genre de rêve occupait mes nuits chaque fois que mon sommeil l'emportait sur mon envie de rester éveillé à contempler la lune, la personne qui occupait ce dernier m'inquiétait, ou plutôt me... m'intriguait. Cindy DeBuilt, le grand amour que je n'avais jamais connu, l'idiotie d'un passé que certains préfèreraient oublier...

J'avais déjà rêvé que je tailladais mon père avec un couteau à lames, ou que j'arrachais la peau de arah à l'aide d'un rasoir... Même que je crucifiais mon frère et lui plantais des clous dans les mains... Tous ces rêves sans aucun sens logique ou je riais et prenait un malin plaisir à faire du mal. Peut être était-ce les pensées sadiques d'un autre moi, ou bien de mon sub-conscient, ou encore devenais-je schizophrène, la seule chose dont j'étais sûre actuellement n'était autre que le fait que j'avais oublié le visage de Cindy jusqu'à aujourd'hui. Ma foi, il était certainement mieux que je ne pense pas à elle, pas aujourd'hui ou... ou... Le soleil brillait de mille feux. Je détestais l'astre solaire, sans vraiment savoir pourquoi. La grisaille du ciel lors des fines pluies me convenait très bien, bien que la pluie apportais le froid. Bref... cette journée s'annonçait très mal.

C'est pourquoi je n'eus aucune surprise à ne pas être accepté en cours de Maths pour un simple retard de dix minutes. N'insistant pas pour suivre le cours, j'errai de nouveau dans les couloirs sombres de l'académie, essayant de trouver un passe temps m'empêchant de ressasser ma nuit de meurtre sanglant... Je n'avais pas pensé pouvoir le rencontrer à cette heure ci, mais Pierre-Lou se promenait dans le hall. Dans un élan d'espoir, j'allais lui demander l'impossible. Un film. Un simple film dans la salle de projection, où je pourrai m'y reposer en paix. Pilou était un être bizarre qui parlait aux machines, aussi ne lui était il pas dur de me programmer n'importe quel film. Ce gars était dans ma classe depuis deux ans maintenant, mais le semblant de discussion qui existait entre nous montrait assez bien la pauvre connaissance que nous avions l'un de l'autre. Le premier point positif de cette journée venait de se manifester: Il n'avait pas refusé ma demande alors qu'il savait pertinemment que je ne lui renverrai pas l'ascenseur...

Le deuxième point positif fut qu'il est vu un film qui lui avait plus il y a peu de temps, m'épargnant ainsi de la charge qu'était de trouver le nom d'un film que je n'avais jamais vu. Du moins, c'est ce que j'ai vu, le temps de quelques minutes, comme un point positif. Car le film qui devait être génial se révélait en fait particulièrement ennuyant. L'orphelinat... Idéal pour les grands froussards s'angoissant pour néni. Après le départ de Pilou de la salle, je m'installai confortablement dans une des chaises devant le mur blanc ou les images du film étaient projetées, fermai les yeux et profitait de ce moment de solitude pour ressasser les souvenirs du collège...

Je traînais souvent au premier étage. J'aimais bien cet endroit. Il n'y avait pas vraiment de raisons pour ça, mais quelque chose m'y attirait. Ce jour-là comme souvent depuis quelques temps, je rechignais à aller dehors ou bien même en cours. J'y étais allée hier pendant une heure, cela m'avait suffi. Bien sûr je ne craignais pas les éducateurs. Sûr que j'aurais pu me rendre invisible si je les entendais, mais même pas. Je me 'entendais super bien avec eux, aussi ils s'étaient un peu moins méchant avec moi, même carrément sympa. Je pouvais plus les considérer comme amis qu'autre chose. ENfin certains, parce qu'il y en avait toujours qui étaient bien trop attachés aux règles pour les transgresser. Je me baladais alors dans les couloirs. Ils étaient quasiment vide. Les gens étaient en cours, ou les autres préféraient se réfugier dehors pour être sur de ne pas être pris par des éducateurs. Je les aimais encore plus quand ils étaient vide ces couloirs d'ailleurs. La bâtisse, prenait quelque chose de mystérieux.

Je passais alors tous près de la salle de projection. Je n'avais pas trop l'habitude d'y aller. Parfois j'allais y regarder des films avec un ou deux amis, qui pouvaient me programmer cela en claquant des doigts. J'avais pas mal de relations dans l'école. Plus garçon que fille d'ailleurs. Les filles ne semblaient pas trop m'aimer. Mais elles ne le montraient pas. Par contre, elles ne se gênaient pas pour raconter je ne sais quoi dans mon dos. Personnellement je m'en fichais, mais alors à un point pas possible. L'avis des autres m'était complètement indifférent, surtout des gens qui n'ont aucune importance pour moi. C'est sûr, si Steve ou bien Brad me disait quelque chose, cela aurait un autre impact sur moi, mais après tous pourquoi ils feraient cela. Je m'aperçus alors, près de la fenêtre, où le rideau n'était pas tiré complètement, qu'il y avait de la lumière à l'intérieur. Curieuse je me dirigea vers la porte pour aller voir.

Il y avait à l'écran un film. Je ne savais pas ce que c'était, surement encore une belle daube du cinéma américain. Malgré ça je les aimais bien ces grosses daubes. Je savais pertinemment que les scénarios, le jeu des acteurs étaient complètement nuls, mais j'aimais bien quand même. Je mis un certain temps avant de me rendre compte qu'il y avait quelqu'un assit dans l'un des innombrable siège. Malgré le peu de lumière dans la pièce, je pus m'apercevoir que c'était un garçon. Je me dirigea vers lui doucement et me plante sur le siège d'à côté. C'est là que je reconnus Drew, Drew Shadow. Je ne savais plus trop comment je l'avais connu, mais je savais qu'il n'était pas en de très bien terme avec mon ami Steve. Mais ç je m'en fichais un peu. L'année dernière, une rumeur avait circulé comme quoi il voulait sortir avec moi, je n'y prêtais pas trop garde, mais il était ensuite venu me parler. Je l'avais trouvé très bizarre, parfois déplaisant. EN fait je ne l'aimais pas trop. J'avais plutôt tendance à être froide avec lui, mais lui était si gentil avec moi en retour. Je ne pouvais pas le supporter, mais d'un autre côté j'étais attirée vers lui. Parfois il lui arrivait de ne pas être si idiot que cela et se comportais normalement avec moi. Bien sûr c'était beaucoup mieux et je faisais aussi des efforts. Espérons qu'il en fasse cette fois-ci.

Je ne savais pas trop quoi lui dire. Déjà qu'avec les autres j'avais du mal à engager les conversations, alors avec lui... Aussi je préférais le laisser commencer. Je me contenta de poser un regard sur lui. Discret. J'espérais toujours que je ne me mette pas en colère, surtout que je n'en avais pas très envie ces temps-ci. Mes nerfs avaient recommencé à gonfler et j'étais plus irritable que d'habitude.

Il n'avait suffit que d'un pas dans cette pièce, qu'un souffle, qu'un regard pour que je sache que c'était elle. Je n'avais même pas eu besoin de me retourner pour voir qui venait de pousser la porte. Peut être était-ce l'instinct qui me pousser à penser à elle, ou certainement était-ce l'odeur. Une odeur si particulière que je ne pouvais oublier. Ce n'était pas une odeur de parfum ideuse ou l'odeur d'un abus de déodorant... Non, son odeur ne sentait ni bon, ni mauvais, elle était juste... très particulière. Et elle était, à mon goût, la plus agréable à sentir. Un mélange de sucré et de salé, la vanille avec l'épice, le caramel avec le poivre. Je l'aurai reconnu à mille lieux, que j'aurai senti au milieu de centaines de personnes. Cette odeur n'était autre que la sienne...

celle de Maryne Wight

Deux émeraudes semblant sortir du plus magnifique des roches de toutes les mines de ce monde lui servaient d’yeux… Des cheveux longs noir électrique dont une mèche recouvrait son front et deux autres encadrant son visage au teint étrangement pâle mais aussi sublimement laiteux… Un courage sans fin, une détermination qui pourrait tout écraser sur son passage, et un espoir construit sur une foi si pure et forte qu’il semblait, en toute circonstance, impossible de la décourager. Elle semblait paraître froide et distante au premier abord, mais une fois que je l'ai enfin vu lorsque Down a trouvé le bouton pour l’ouvrir, j'y ai découvert un cœur si gros, une chaleur si intense, que j'en étais resté soufflé… Je dois admettre qu’au début, je la pensais un peu égoïste, solitaire, et glaciale… Mais elle a prouvé le contraire à ce qui est, aujourd'hui encore, son meilleur ami. Ce bouton me reste inaccessible... Ce n'est qu'en restant de temps à autres avec Down que j'ai pu découvrir cette facette de Maryne...S'il y avait bien une chose que j'avais compris, c'est qu'à certains moments de notre vie, on finit par rencontrer des gens si chers à nos cœurs qu’on pourrait vraiment se dire amoureux d’eux. D’une certaine façon, j'admire énormément cette fille… Cette jeune femme qui est la meilleure amie de mon ennemi, ce genre de femme que l’on ne rencontre qu’une fois dans sa triste et courte vie… Maryne est beaucoup pour moi… Elle est la seule qui puisse encore voir apparaître une once d'émotion et de sentiments dans mes yeux. La seule qui réveille mon cœur semblant avoir cessé de battre. Elle est tout sans le savoir pour autant.

J'étais amoureux de cette fille...

Mais il y a, dans la vie, toujours des problèmes qu'on ne pourra résoudre. Les rumeurs courraient l'année précédente, lorsque j'étais dans sa classe, comme quoi je voulais sortir avec elle... Ces rumeurs étaient fausses. Jamais la simple idée de pouvoir la toucher ne m'était venue à l'esprit. Elle était bien trop fragile, trop belle et trop parfaite pour que je ne puisse la salir de ma personne. La regarder de loin m'avait toujours été suffisant, aussi n'avais-je jamais cherché à en avoir plus. De temps à autres, je la protégeais, sans pour autant qu'elle ne le sache. C'est ainsi qu'était ma vie depuis maintenant deux ans. Elle n'était nullement consciente des privilèges que je lui accordais sans réellement le vouloir, bien qu'il était impossible d'ignorer le comportement que je lui portais, du moins si l'on me comparait avec d'autres... C'était ainsi, et Dieu seul sait à quel point j'avais essayé de changer ce sentiment, de retirer cette faiblesse. Car oui, elle était ma faiblesse, tout comme Down Steve était ma raison. Le fait de pouvoir réconforter les gens quand ils le désiraient, de pouvoir combler le vide dans une personne, c'était son pouvoir et sa force. Certes en avait il beaucoup profité, mais je ne pouvais m'empêcher de l'envier lorsqu'il était avec Maryne. Parce que je ne pouvais que créer le néant, le vide intersidéral d'une âme... Je ne pouvais qu'enlever la tristesse pour la remplacer par un rien, alors qu'il pouvait la remplacer par un tout. C'était certainement pour cela qu'il était aimé de tous, du moins fallait il que je me donne une raison...

Mon cœur accéléra lamentablement lorsqu'elle s'assit à côté de moi, maintenant pour autant le silence qui régnait dans la salle, simplement accompagné des voix du film qui défilait devant mes yeux sans que je n'y comprenne quelque chose. Mes pensées étaient loin ailleurs... Toujours calé dans mon fauteuil, les mains derrière la tête et les pieds croisés sur le siège devant, j'ouvris un œil que je posai sur Maryne. Elle était aussi belle que les jours précédents, bien que les traits sur son visage soulignaient son malaise. Ouvrant finalement le deuxième œil, je levai un de mes sourcils.

- "Je peux t'aider?"

Il était après tout rare qu'elle vienne vers moi. Il devait y avoir une raison, ou bien le hasard avait il décidé de me tuer avant l'heure...

Car aussi incroyablement belle qu’une héroïne de manga… Elle était l’héroïne de ma vie…

En m'approchant de Drew, rien n'aurait pu me laisser croire qu'il savait que quelqu'un était là et qui était-ce. Pourtant, quand je m'assis à côté de lui, il ne prononça pas mon nom mais, j'étais sûre qu'il savait dès mon entrée que c'était moi. Comme toujours, je ne pouvais m'empêcher d'être gênée quand j'étais avec lui. Il semblait si froid, si indiffèrent. C'était bien un des rares garçon qui ne m'accordait pas beaucoup d'attention. Je devrais surement être contente que cela soit comme ça, après tout je n'aimais l'intérêt que m'accordaient les autres et ne le méritais pas. Mais avec Drew, je ne savais pas si c'était juste de l'égoïsme, ou seulement qu'au fond de moi je l'aimais bien, mais son indifférence à mon égard me rendait un peu triste. C'est vrai que je n'étais pas gentille avec lui, mais en fait j'avais parfois tendance à être comme cela avec les gens que j'aimais bien. Je me disais sans cesse que je le détestais, qu'il était nul, bizarre, mais en fait, je me mentais à moi-même. Et puis, ses yeux ne me laissaient jamais indifférente. De toute évidence il n'aimait pas quand je plongeais mon regard dans le sien, il détournait sans cesse la tête. Les rares fois où j'avais pu les voir, ce vert m'avait éblouie, mais pourtant, ils n'exprimaient rien. Aucun sentiment, je n'avais rien pu voir, ou peut-être que je n'en avais pas eu le temps.

Quand je m'assis à côté de lui, je sentis qu'il posait un yeux hésitant sur moi. Je ne tournai pas la tête, le laissant faire comme si de rien était. Enfin, il se décida à ouvrir le second. Là je me retournai vers lui en m'efforçant de sourire. Je ne voulais pas me disputer avec lui, ou quoi que ce soit d'autre qui lui fasse du mal. J'avais du mal à parler avec lui, car j'avais l'impression qu'à chacune de mes paroles je lui faisais de la peine. Je ne savais pas pourquoi, ou peut-être que cela n'était qu'une simple impression. En tout cas, j'avais envie de discuter avec lui aujourd'hui, je n'étais pas spécialement de bonne humeur, mais c'est on jamais, peut-être que par le plus grand des miracles cela me ferait du bien.

Les jambes repliées sur mon torse, les pieds sur le siège, je m'étais retournée vers lui pour pouvoir le regarder. C'est vrai son physique n'était pas extraordinaire, mais il avait tout de même un petit quelque chose que j'aimais bien. Alors, mon regard se posa sur une tâche. Décidément celui-là, il se tachait toujours, à croire qu'il ne lavait jamais ses habits. D'habitude je lui faisais toujours ma petite réflexions sur la chose, mais là je sus me retenir. Déjà que l'ambiance était un peu tendue disons, si je commençais à en rajouter je pouvais être sûre que la discutions allait mal se terminer. A mon étonnement, il leva un sourcil et me demanda si j'avais besoin d'aide. En quoi voudrait-il m'aidait et puis il savait très bien que dans ce cas-là, je ne viendrais pas le voir lui. C'est vrai, malgré ce fait que je me sentais un peu attiré par lui, j'étais aussi repoussée. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir des pensées négatives sur son sujet. Il ne souriait pas. Il ne souriait jamais. Je n'avais pas envie de répondre à cette question idiote qu'il m'avait posé, car d'ailleurs je n'avais pas de réponse à lui donner. Je tentai alors quelque chose. QUelque chose dont j'avais envie. Je penchai la tête sur le côté.

- J'aimerais te voir sourire une fois Shadow.

Vraiment, si j'arrivais à en obtenir un sincère de sa part, je serais contente. Je m'approchai un peu de lui. J'aimais bien avoir de la proximité avec les gens. Mais arrivait à certain point, je m'arrêtai d'avancer. Un côté de moi était tellement attiré par lui, mais un autre était carrément repoussé, dégouter. C'était vraiment bizarre comme sensation. J'avais pris l'habitude de l'appeler par son nom. Ce n'était pas parce que je voulais faire plus polie ou distante, c'est juste que j'aimais bien. Et puis je trouvais qu'il lui allait mieux que son prénom.

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